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Actualité de Myriam Tekaïa

MYRIAM TEKAÏA

BIO

Née Tunisienne, à Rome, Myriam Tekaïa a passé une grande partie de son enfance et adolescence entre l'Italie, le Canada, les Etats-Unis, l'Inde et la Tunisie. Venue en France pour ses études supérieures, elle travaille quelques temps dans le secteur musical. Plus tard, par nécessité professionnelle, elle suit un stage de prise de parole. Elle a alors un véritable coup de foudre pour le théâtre. Admise dans la classe libre du cours Florent, elle décide de changer de voie. Aujourd'hui actrice et scénariste, elle participe à différents projets artistiques, ainsi qu’à l'écriture de trois projets cinématographiques.

2014 : Les Vacances du Petit Nicolas, de Laurent Tirard

2011 : Le Cochon de Gaza, de Sylvain Estibal

2007 : Pygmalion, mise en scène Marjorie Nakache, Studio Théâtre de Stains

2006 : Azur et Asmar: The Prince's Quest, de Michel Ocelot

2004 : La Mélodie d'Hélène, de Chi Yin 

2002-2004 : Admise au concours de la Classe libre du Cours Florent (promotion dirigée par Michel Fau et Jean-Michel Rabeux) / Acting in English (Lesley Chatterley) / Stage Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil.

Date clefs

Elle ferme ses yeux comme pour faire un somme 

et vous en oubliez que vous êtes un homme

 

Myriam est une histoire d'amour. Pas la mienne, mais la vôtre ou la leur. Si la bonté divine existe, Myriam en est la quintessence et la source. Il est probable qu'elle ne soit de passage parmi nous que par une magnifique erreur d'aiguillage. Ou alors quelqu'un, là-haut sur les cimes, a dû laisser la porte ouverte, et dans sa curiosité mutine, Myriam a franchi le seuil en sens inverse, pour voir et sentir.

 

J'ai vu de la ténèbre, alors je suis entrée 

Pardonnez ma lumière humblement accoutrée

 

Et moi, petit poète courbé sous les gerbes de gaz carbonique ou les pluies de chiens, vautré sur les bancs des abribus où je ne suis, moi aussi, que de passage, mais sans plus rien attendre que l'extinction des effluves et la sécheresse des précipités, j'écris sa langue, sa voix, sa marche, sa faconde, ses non-dits, ses trop-dits, ses impatiences contenues, ses atermoiements fébriles, tout ce qui fait qu'elle est Elle et que je ne suis que moi, tout ce qui se trame sous les traits d'une Muse dont les mots, toujours pesés, ont plus à faire dire qu'à dire. Ainsi je me suis laissé dire et je dis, comme je sais le faire, et je crois bien que je l'aime, ou plutôt que je la révère corps et idées, c'est-à-dire que je l'admyriame. Pas comme un homme convoite une femme, non, car l'absolu requiert les gants de velours du songe sublime, toujours à bonne distance, mais comme le paumé s'accroche à l'idéal, bouée trouée de sauvetage. Si la beauté divine existe, Myriam en est le modèle et la paraphrase. Tout s'enroule autour d'elle comme une pellicule de cinéma, et vous pourriez jurer, à la contempler si libre et mesurée, si franche et modeste, si pâle et pittoresque, dans ses robes de kevlar et ses tarmacs de nuit, dans ses souliers de macadam et ses manteaux de neige, dans ses poses bibliques, véritables pauses cosmiques, écrans d'arrêt d'où l'on voit se refléter jusque sur les murs de Babylone la nitescence des miracles elliptiques, dans ses fanfaresques œillades à la croisée des lendemains, du haut de son inénarrable style, tout de naturel vêtue et d'exercice vierge, que le grand ordonnateur des mouvements stellaires a crié "Action !", steadicam autour des reins, chef-opérateur à l'appui, storyboard à portée d'objectif, et refuse obstinément de faire cesser la scène, convaincu qu'il est de toucher du bout du Sled le film des films. Rien ne sera plus jamais coupé au montage, et la vie de Myriam ne sera, en fin de conte moderne, qu'un long travelling au milieu des figurants défigurés, à la marge, pris de vitesse, tandis qu'elle, maquillée de grâce, aura sans discontinuer capturé toutes les prises de vues, irréelle, surréelle, métaphoriquement concrète, littéralement désarmante.

 

Vous avez l'air pesant d'un vague paquebot,

mais son fard vous éclaire, et vous vous trouvez beau

 

J'aime le prénom de Myriam, carte cyclique d'identité, parce qu'il se termine comme il commence - tout est dit -, d'un joli pincement de lèvres, celui du nouveau-né sous la mamelle, du baiser soufflé derrière la vitre du train, du rouge un peu trop généreux, du moi toujours centré sur lui-même, de la maman qu'on appelle pour choyer les sourires ou sécher les larmes, les millions de larmes. J'aime le nom de Myriam, abrégé sonnant des altitudes perdues, parce qu'il décolle en Grèce et culmine sur l'Himalaya, parce qu'il exige de faire tinter le bout de la langue sur les dents du bonheur et d'ouvrir la mâchoire pour l'absorber, à pleine bouche d'ombre, ensuite, enfin.

 

Mâcher deux jours durant la manne de son rêve

n'est qu'un petit morceau d'éternité trop brève

 

Une histoire d'amour, certes, mais aussi et surtout une histoire de cochon, celui de Gaza, formidable long métrage de Sylvain Estibal où Myriam, rebaptisée Yelena pour l'occasion - qui fait le lardon -, interprète une jeune colon russo-israélienne marchandant à Jafaar, pêcheur palestinien, la semence du cochon vietnamien qu'il vient d'attraper dans ses filets, bien malgré lui. Un rôle à sa mesure : l'évocation d'un conflit ethnique et religieux, la gravité d'un drame, la légèreté d'une comédie, l'accès à l'universel par le détour d'une fable apparemment contingente et restreinte, et le maillage d'une grille de séparation, puisque la beauté fait mal - syndrome de Stendhal à Stockholm -, puisque nous ne voyons de l'autre que ce que l'entrelacs de nos conceptions nous laisse deviner, puisque le tabou n'apparaît jamais nu devant la fenêtre, mais souvent travesti derrière le trou de la serrure. Un César et quelques années plus tard, le mur quasi proverbial des stéréotypes est toujours là. Cependant, quelques ouvertures y ont été pratiquées. Les groins s'impatientent, il faut croire. Le mangeur de porc que je suis avait tout de suite remarqué cet Ange sur le pré vert, à hauteur d'homme, à visage humain, à cœur ouvert, puis fixé dans sa mémoire, comme un anticorps parasitaire, cette silhouette éphémère, lunatique, erratique, marchant à pas comptés, un œil sur ses pieds, un autre sur Jafaar, un autre au-dedans d'elle-même et, soyons généreux, un dernier tout au fond de nous-mêmes, spectateurs, témoins, réceptacles, relais, sciences, consciences, et finalement puisé dans son indéfinissable accent, mêlant le ronflement des steppes aux vieux chants hébraïques, de quoi nourrir ses voyelles et faire croître sa plume.

 

Renonce, cher ami, à ta morgue de cancre,

car ta Muse est en vue, et tu dois jeter l'encre

 

Myriam est actrice. De ses rôles, de sa vie, de ses égarements, de ses projets, de ses rejets. Elle aime pour et malgré, ne possède que très peu mais s'enrichit de tout, vous regarde et - phénomène d'éphanique inversion - vous voit, vous renverse, vous transperce, n'attend pas seulement son tour pour parler, mais vous écoute jusqu'à comprendre, un carnet à la main, son trésor d'expressions inédites, s'il le faut, vous retient par la manche de sa mémoire, vous enveloppe et vous réveille, vous console sans pitié, vous ébranle sans violence, désespère sans décroire, se penche sans décroître, s'étonne de l'ordinaire, se désole de la banalité, porte l'humanité sous ses sourcils, ses soucis dans ses chaussettes, ses fossettes à merveille et ses veilles sur l'autel des objets controuvés.

 

Elle pose en douceur sa main sur mon épaule,

c'est là ma chance inouïe, c'est là son plus beau rôle

 

Nul besoin d'attirer la lumière : elle est lumière. Alors elle boit sagement vos paroles, vos alexandrins bancals, vos plans sur les comètes éméchées, vos dictionnaires déclamant leurs concepts à tue-tête, vos récitations baudelairiennes, cherche sous les jupes de la Seine cette fameuse lune qui, ce soir, rêve avec plus de paresse, sans se douter que cette ultime dernière gît depuis toujours, jumelle et décuplée, dans ses yeux brillants, sur des coussins nombreux, tient bien au chaud, tout contre son giron, mille anecdotes qu'elle n'égrène qu'avec parcimonie, si le besoin s'en fait sentir, aspire à l'optimisme réaliste, ne voit que des niveaux là où la plupart des rejetons de Sisyphe rencontrent des barrières, ne tire la couverture à elle que pour s'enduire de mystère, vous fait naître une seconde fois rien qu'en vous nommant, brise les codes et les repères spatio-temporels, refonde à elle seule toute l'architectonique des émotions, vous (par)achève en un mot, et vous quittez son aura comme l'enfant les fonts baptismaux : moite et neuf.

 

Si l'on voulait sonder le céleste ramdam,

il faudrait s'imprégner de la voix de Myriam

 

Un jour, une amie photographe m'a confié un cliché de Myriam, plus précisément un profil en noir et blanc, et m'a simplement demandé : "Elle t'inspire ?" J'ai répondu par l'interronégative : "Pourquoi pas ?" Je ne l'avais pas reconnue, et j'ignorais que je tenais là, sous des couches d'épiderme et des nappes d'écran, le drame de ma vie. Myriam est sans âge, et s'il est maladroit de questionner une femme à ce sujet, il est tout bonnement blasphématoire de l'évoquer en sa présence. "J'ai l'âge d'être actrice". L'amour n'a pas d'âge. Le cœur de Myriam est à Mexico, ses racines fouillent les terres tunisiennes, depuis le désert du Sahara jusqu'aux lagunes piquées de tombolos, son âme est à Paris. Insaisissable et multicolore. Mais l'amour n'a pas de couleur. Approchez-vous d'elle : vous ne sauriez dire si elle est femme ou petit garçon. Mais l'amour n'a pas de sexe. Prenez-la dans vos bras : vous y gagnerez un supplément d'âme. Si l'argent n'a pas d'odeur, la générosité sent la rose des vents, la rose des sables et le bambin fraîchement baigné.

 

Et si mon désespoir se fatigue à maudire,

son nom me donne envie de poursuivre et d'écrire

 

Myriam vous sait malade, mais ne croit pas à la maladie, porte le deuil, mais ne croit pas à la mort, vous regarde saigner d'un œil mi-clos de cicatrice à vif, bourdonne intérieurement d'un tremblement de mère, déteste Belle du Seigneur, parce que l'amour dure toujours et parce que Cohen est à côté de sa plaque, se navre pourtant des histoires qui finissent mal et, à ce titre, préfère ne pas les entamer, peut tout jouer, puisqu'elle ne joue pas, touche à tout, mais ne prend rien, surtout pas votre cœur. Sa voix est au remue-ménage ambiant ce que le piano est aux autres instruments, d'après Schopenhauer : "un petit orchestre". Elle n'a qu'à résonner de quelques brèves notes, murmures, soupirs, éclats, trilles ou cliquetis de staccato, pour emporter l'auditoire et prendre le pouvoir.

 

Il n'est de vraie musique en ce monde muet 

que le battement sourd d'un cœur exténué

 

Je ne peux rien dire de plus, sinon que Myriam insuffle à quiconque l'envisage le désir de dire et d'écrire, par et pour elle, qu'à l'entendre lire on croirait que les mots n'ont été inventés que pour être assimilés à son fracas dense et couvés sous son palais loyal, qu'elle mérite à tout le moins le talent d'un scénariste capable de faire vibrer toutes ses cordes sensibles, guitare électro-acoustique, basse slappée, harpe éolienne, et que si vous avez la chance de la rencontrer au confluent des artères citadines et des cimetières de joie, quelque part entre une Catrina, un cochon, une fourmi, un éléphant et la chambre nocturne de Chopin, vous pouvez lui jeter un œil de curiosité : elle saura vous le rendre.

PORTRAIT D'ARTISTE : MYRIAM TEKAÏA - UNE HISTOIRE D'AMOUR

Portrait artiste HANS

ACTRICE.

SCENARISTE.

COLLABORATRICE

ARTISTIQUE.

Bande démo de Myriam Tekaïa 

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